Fête de l’Epiphanie du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 29 décembre 2012
Homélie de l’Epiphanie du Seigneur (6 janvier)
Textes bibliques : Lire
Les trois lectures de cette fête de l’Epiphanie sont l’annonce d’une même grande espérance. Cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour Israël ni pour les chrétiens. Elle est offerte à tous les peuples. Tous sont appelés jusqu’à la crèche du Christ Sauveur.
Pour comprendre la première lecture, il faut d’abord la replacer dans son contexte. Le peuple d’Israël vient de vivre 70 ans d’exil. Imaginons un peu la situation dramatique de tous ces gens retenus loin de chez eux… Or voilà que le prophète Isaïe leur annonce un espoir insensé. Non seulement les enfants d’Israël se rassembleront, mais les rois viendront de loin avec leurs richesses pour annoncer les merveilles de Dieu. Ces merveilles et cette gloire de Dieu sont constatées par les autres nations. Cela change tout pour la ville de Jérusalem. Elle devra faire face à une responsabilité immense : elle devra manifester aux yeux du monde que Dieu aime tous les peuples.
L’Evangile est un début de réponse à cette première lecture : il commence comme un conte : il était une fois des mages… On a dit qu’ils étaient trois. On leur a même donné des noms. Mais le plus important c’est de comprendre ce que Dieu nous dit aujourd’hui à travers cette page de saint Matthieu. Ces hommes venus d’Orient sont des étrangers ; ils ne connaissent pas la religion juive. Ils ont été avertis par le ciel de la naissance du Roi des Juifs. Ils se mettent en route pour se prosterner devant ce nouveau-né et le reconnaître comme roi. Nous-mêmes, nous sommes tous invités à nous associer à cette démarche : comme les mages, nous venons à Jésus. Il se présente à nous pour être “le roi de tous les cœurs”. Lui seul peut combler nos désirs profonds et donner un sens à notre vie. Il nous appelle tous à partir à sa recherche.
L’Epiphanie est une fête remplie de lumière. Les mages viennent d’Orient en suivant une étoile. Pour eux c’est un Signe du ciel. Plus tard, Jésus se présentera à tous comme la “Lumière du monde”. Celui qui le suit ne marche pas dans les ténèbres. C’est cette lumière que nous sommes tous invités à accueillir et à rayonner autour de nous. Cette lumière c’est celle de l’Esprit Saint. Comme il l’a fait pour les mages, le Seigneur nous appelle à lui. Mais trop souvent, nous ne savons pas voir son étoile. Nous ne savons pas être attentifs aux signes qu’il nous adresse.
En lisant l’Evangile de saint Matthieu, nous voyons que l’annonce de la naissance de l’enfant Roi met en marche deux cortèges. Mais ils sont en sens inverse l’un de l’autre. D’un côté, nous avons des mages qui arrivent au pas d’une procession solennelle jusqu’à Bethléem. Pendant ce temps, les habitants de Jérusalem, le roi, les prêtres et les scribes s’éloignent de leur Messie. A la joie des premiers s’oppose le trouble des autres. Il ne suffit pas d’être un érudit de la Bible. L’important c’est de faire un geste de foi et de se mettre en route. En lisant l’évangile de l’Epiphanie, nous remarquons que l’étoile ne brillait pas sur Jérusalem. C’est peut-être une manière de dénoncer le comportement de ses habitants : la conférence d’Hérode ressemble plus à un conseil de guerre qu’à une vraie recherche de Dieu. Les responsables se sentent menacés. Ils cherchent à supprimer le rival.
Nous sommes souvent comme ces gens de Jérusalem. Nous connaissons plus ou moins les textes bibliques ; nous sommes capables de les raconter. Mais chacun de nous peut s’interroger : sommes-nous disposés à suivre les mages jusqu’à la crèche ? La Lumière brille toujours mais si on ne la regarde pas, elle ne pourra pas nous guider. Mais Dieu continue à nous faire signe. Il se dévoile en cours de route à ceux qui acceptent de déranger leurs habitudes. “On ne brandit pas Jésus comme un étendard, encore moins comme une encyclopédie. On le découvre émerveillé dans le cœur des pauvres” (Saisons bibliques)
Dans la seconde lecture, saint Paul insiste sur le caractère universel de l’Epiphanie : “Les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus par l’annonce de l’Evangile.” Au temps de saint Paul, on pensait que les grâces de Dieu étaient réservées au seul peuple Hébreu choisi par Dieu. Il fallait maintenir cette séparation entre ce peuple et les autres nations. Les Hébreux devaient éviter tout contact avec les païens. Mais avec l’Epiphanie, toutes les barrières sont renversées. Tous les hommes de toutes les nations et de toutes les races sont appelés à la crèche.
Si Dieu appelle tous les hommes, nous devons en tirer les conséquences et changer notre regard sur les étrangers. Les paroles et les actes racistes sont absolument contraires à l’Evangile. Nous ne pouvons pas en même temps annoncer la bonne nouvelle et avoir une attitude de mépris ou de rejet à l’égard des étrangers. Tous les hommes, y compris les plus grands pécheurs, ont leur place dans la caravane des mages. Dans certaines églises, on se fait un point d’honneur de rassembler des chrétiens de tous les continents. Ensemble, nous sommes la même Eglise de Jésus Christ, appelés à témoigner de son Evangile.
En ce jour de l’Epiphanie, le Seigneur bouscule nos conceptions et nos projets. Nous le découvrirons en cherchant les signes de sa présence dans l’histoire. Nous le supplions : “Aide-nous, Seigneur, à être des signes parlants, à respecter les autres dans leurs différences pour que le monde croie et que s’ouvrent les portes de la Vie. Amen
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Saisons Bibliques 1 ; Lectures Bibliques des dimanches (A Vanhoye), Homélies Année C (A Brunot)
Commentaires Évangiles du jour (cliquer sur l’image) :
Je constate avec regrets que les chretiens d’Egypte, qui celebraient auparavant l’Epiphanie en elisant roi celui qui trouvait la feve dans sa galette, ne recoivent plus ,de la part des mages venant de l’Orient ,au lieu de l’or a odeur de petrole, rien que de la myrrhe pour leur futur ensevelissement.
Prions pour les uns et les autres.
Question d’un internaute à Soeur Claire :
Bonjour.
Soeur claire dit que ce sont les rois mages qui citent le prophète Michée. Alors que ce sont les Prêtres et scribes d’Israël (voir prions en Eglise) qui renseignent le roi Hérode.
Pouvez-vous m’indiquer comment je pourrais arriver à la constatation de soeur Claire.
Merci de m’éclairer.
Réponse de Soeur Claire
Vous avez parfaitement raison c’est une erreur de ma part. N’ayant pas pu enregistrer cette année le commentaire j’ai repris celui de l’an dernier et j’avais oublié cette erreur: merci beaucoup de me la signaler. C’est la preuve que vous écoutez attentivement et que vous scrutez bien la Parole de Dieu.
Bonne et ainte année à vous
Sr Claire